Santé

Comment améliorer la santé mentale de ses salariés ?

Dans un monde professionnel de plus en plus exigeant, la santé mentale des salariés est devenue un enjeu majeur pour les entreprises. Stress, charge de travail excessive, manque de reconnaissance… : autant de facteurs qui peuvent impacter le bien-être et la performance des employés. Des actions concrètes peuvent être mises en place pour favoriser un environnement de travail sain et épanouissant. Découvrez les conseils de Claudia Rinzivillo, spécialiste et formatrice en santé mentale au travail.

Pourquoi accompagner les entreprises et managers sur le sujet de la santé mentale au travail ?

Parce qu’aujourd’hui, 1 salarié sur 2 s’estime en souffrance psychologique. En 2022, les troubles psychologiques étaient ainsi la deuxième cause d’arrêts maladie (source : Santé Mentale Magazine).

81 % des salariés considèrent la qualité de leur santé mentale plus importante que le niveau de leur salaire. 64% seraient même prêts à voir leur rémunération diminuer pour un job qui préserve mieux leur santé mentale.
Source : Etude publiée par WorkForce Institute d’UKG, qui portait sur 3 400 personnes dans 10 pays.

Je pense qu’on ne se rend pas suffisamment compte de l’ampleur des dégâts que peut causer l’absence de prise en charge du mal-être au travail. Pour les personnes elles-mêmes d’abord (l’impact sur leur santé, leur vie de famille, leur vie sociale, pour ne citer que ça) mais aussi pour les entreprises.

Quelqu’un qui ne va pas bien, c’est quelqu’un qui est moins performant au travail. C’est donc un collaborateur qui se démotive, qui perd confiance en lui et parfois en les autres. Mais plus on met longtemps à intervenir, plus le rétablissement sera difficile et le retour au travail long et complexe.

C’est pour cela que je vulgarise la santé mentale au travail afin d’apprendre aux dirigeants, managers mais aussi aux équipes, à repérer les signaux faibles de souffrance afin d’agir le plus vite et le plus concrètement possible.

Nous faisons partie d’un écosystème. L’entreprise en est un. Il faut intégrer que la performance collective et donc organisationnelle, n’est possible que si les humains qui la composent vont bien.

Quelles sont les principales questions que se posent les entreprises et employeurs ?

En échangeant avec des dirigeants, des managers et des RH, je me suis aperçue que les mêmes craintes et interrogations reviennent :

  • ne risque-t-on pas de voir une explosion des arrêts maladie si je sensibilise mes salariés au burn out ?
  • est-ce que ce salarié ne fait pas du chantage au suicide pour obtenir son augmentation ?
  • que dire et quoi faire quand un collaborateur commence à aller mal ? Et d’ailleurs, quels sont les signes factuels qui peuvent m’indiquer cela ?

Toutes ces questions sont légitimes et éminemment importantes. Car elles mettent en jeu des collectifs, des projets, des personnes et in fine, la pérennité de toute organisation : ses ressources humaines.

Investir le sujet de la santé mentale au travail, ce n’est pas quelque chose qui doit être vu comme rébarbatif, quelque chose que l’on fait ” en plus”, “si on a le temps”. C’est bien simple : sans salariés, aucune organisation ne peut fonctionner. Dès lors, investir le sujet de la santé mentale au travail me semble une évidence, voire une priorité, surtout dans le contexte actuel de volatilité des talents et de fragilisation psychologique post-COVID.

Avez-vous des exemples d’actions concrètes que peut mettre en place une entreprise pour améliorer la santé mentale de ses salariés ?

Je dirais qu’il y a deux niveaux d’actions types. Un niveau “macro” avec des actions globales et transversales et un niveau ” micro ” avec des actions qui ont pour but d’agir localement.

Voici des exemples d’actions globales / transversales :

  • développer une politique interne à l’entreprise qui ose parler de santé mentale sans ambiguïté ;
  • développer une communication inter-personnelle de qualité, c’est-à-dire valoriser la demande d’aide entre collègues, les échanges constructifs et bannir publiquement humiliations, insultes et remarques désobligeantes. Cela permet de développer la confiance et un sentiment de sécurité psychologique dans les équipes, indispensable pour qu’une personne qui va mal puisse se confier si nécessaire. Sinon, elle aura peur de se montrer vulnérable ou d’être pointée du doigt.

À l’échelle d’un service, l’entreprise peut :

  • mettre en place un plan de suivi personnalisé pour toute personne qui revient au travail après un arrêt maladie (court ou longue durée). L’idée est ici de pouvoir avoir des échanges réguliers entre salarié et manager pour chercher les causes de l’arrêt (s’il est lié au travail) et trouver des aménagements pour favoriser une reprise en douceur. Je préconise des échanges réguliers ensuite, afin d’évaluer les effets de ces aménagements et faire des ajustements si nécessaires. Je conseille la même chose pour les retours de congé maternité car la santé mentale des mères est largement sous-estimée.
  • créer des dispositifs d’alerte, afin de faire remonter l’information du terrain vers la direction, de manière la plus fluide et efficace possible. Il ne s’agit pas ici de faire de la “délation” entre collègues. Mais quand un salarié évoque des idées morbides ou suicidaires, il faut agir vite. C’est pour cela que la formation est essentielle. Il faut savoir repérer les signaux faibles.

Quel conseil principal donneriez-vous à un salarié pour prendre soin de sa santé mentale ?

À tout salarié je dirais “parlez” et à toute entreprise je dirais “formez”. Parler cela veut dire, se confier à un collègue de confiance, demander un entretien à son manager, aller voir la médecine du travail, se confier à ses proches. Bref, c’est ne pas attendre d’être au pied du mur pour parler des difficultés rencontrées ou de la souffrance que l’on ressent. Car souvent, il est déjà trop tard quand on réagit. Pour éviter l’arrêt maladie, il faut agir le plus tôt possible.

Et le conseil principal pour l’employeur ?

Côté employeur, cela passe par la formation selon moi. Trop peu de managers sont formés à détecter la souffrance psychique chez leurs collaborateurs d’abord, mais aussi pour eux-mêmes (j’en parle dans un épisode dédié au burn out du manager dans mon podcast BRISE).

Il faut aussi former les dirigeants afin de leur donner plus de clés concrètes pour rester à l’écoute du terrain et éviter de se retrouver avec des séries de démissions dont on ne comprend pas toujours l’origine. Le savoir, c’est le pouvoir. Connaître un sujet, c’est minimiser le risque de le subir.

Qui est Claudia RINZIVILLO ?

Claudia Rinzivillo

Je m’appelle Claudia RINZIVILLO, j’ai créé en 2023 CONTINUUM Accompagnements, une société spécialisée dans la formation et l’accompagnement des organisations à la santé mentale au travail.

Cette création d’entreprise est issue d’une transition professionnelle suite à un syndrome d’épuisement professionnel (plus couramment connu sous le terme de ” burn out”).

J’ai d’abord étudié à Lyon pendant 5 ans à Sciences Po Lyon, dans un cursus axé sur les relations internationales. J’ai ensuite évolué dans le milieu de la communication, des relations partenariales et du mécénat jusqu’à obtenir un poste d’envergure qui m’a mené au burn out à l’âge de 25 ans.

En 2023, j’ai lancé ma société CONTINUUM Accompagnement. J’ai débuté un Master 2 en psychologie du travail au sein du CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers) et je poursuis actuellement des études en vue d’obtenir le Titre professionnel de Formateur professionnel d’adultes (TP FPA). Je mets un point d’honneur à me former continuellement pour assurer la meilleure prestation possible à mes clients, sur des expertises fondées scientifiquement.

Pour aller plus loin :

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