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Changer la vision du handicap en entreprise, c’est possible !

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Douze millions de Français sont touchés par un handicap, soit 20 % de la population. Les entreprises sont certes moins frileuses aujourd’hui à l’idée d’embaucher des personnes handicapées, mais le taux de chômage de ces dernières reste deux fois plus important que celui des personnes valides.

Et les tabous selon lesquels les personnes en situation de handicap n’ont pas la qualification requise, vont coûter cher, seront plus souvent absentes et bien d’autres choses encore restent vivaces. Pour changer la vision du handicap en entreprise, quelques règles essentielles sont à suivre.

Découvrez en avant-première des extraits des articles du nouveau magazine APICIL SYNAPSE N°5.

 

Emploi et handicap : pourquoi l’entreprise s’engage ?

 

A la question pourquoi s’engager dans une politique en faveur de l’emploi des personnes handicapées, l’entreprise doit apporter des réponses claires et argumentées. Car au-delà de l’obligation d’emploi instaurée par les lois de 1987 et de 2005, le recrutement et l’intégration de salariés handicapés renvoient à des enjeux qui touchent à de multiples problématiques pour l’entreprise : son engagement citoyen, sa politique de diversité, sa gestion des ressources humaines, son image, sa stratégie financière… L’insertion professionnelle de personnes en situation de handicap dépasse la simple contrainte légale et ouvre une réflexion plus large.

Pour que chaque salarié se sente concerné par l’enjeu, il faut que la société s’explique, qu’elle rappelle ses valeurs et détaille sa politique de diversité. Au-delà de cette formalisation écrite de l’engagement, elle peut également désigner des personnes référentes ou mettre en place une mission handicap.

Pour Carine Barbet, chargé de mission RH et référente Handicap de Volvo, un groupe qui a déjà signé 9 accords d’entreprise triennaux sur le handicap, il convient de « démystifier le sujet et d’expliquer en quoi accueillir la différence est source de remise en question, d’ouverture et de bienveillance ».

 

Embaucher des personnes handicapées : faire tomber les tabous

Les handicaps étant multiples et souvent méconnus, un travail d’information est essentiel pour lutter contre les préjugés, qui ont malheureusement la vie tenace. Exemple : les personnes en situation de handicap n’ont pas la qualification requise, elles coûtent cher, ne sont pas facilement gérables par leurs managers, vont être absentes souvent…

« La plupart des handicapés moteurs qui ont connu des traumatismes à l’âge adulte ont souvent un bagage d’études et une expérience professionnelle et peuvent réaliser les mêmes tâches qu’une personne valide, explique Cyril David, consultant pour la défense des personnes handicapées, la prévention du handicap en entreprise et le développement de l’accessibilité en France, ce sont des données à présenter à l’ensemble des collaborateurs, de sorte que les barrières tombent ».

Important, également, de quantifier les subventions perçues par l’entreprise au titre de l’embauche d’une personne handicapée et d’avancer des arguments circonstanciés sur la question du handicap en général.

« L’absentéisme n’est pas spécifique aux personnes handicapées, argumente Guy Tisserant, président de TH Conseil, une société spécialisée dans l’emploi des personnes handicapées. Tout individu peut, à un moment donné de sa vie professionnelle, rencontrer des difficultés

pouvant générer une moindre disponibilité professionnelle. Quant aux personnes en fauteuil

roulant, elles ne représentent que 2 % des personnes handicapées. Enfin, sait-on que les

deux grandes causes de survenance du handicap sont liées au vieillissement et aux accidents

ou maladies liés au travail ? Avec l’allongement de la durée du travail, on a donc plutôt

intérêt à se dire que nous avons tous notre place en entreprise et que le travail devra

s’adapter à nous ».

Visionnez l’interview de Guy Tisserant : ses clés pour recruter, fidéliser, accompagner et manager des collaborateurs en situation de handicap.

Quatre fois champion paralympique de tennis de table, Guy Tisserant est le cofondateur de TH Conseil, un cabinet spécialisé dans les thématiques du handicap, de la diversité et de la non-discrimination.

 

Sensibiliser et impliquer toutes les strates de l’entreprise

 

Un objectif central est également de responsabiliser chaque collaborateur de l’entreprise. Et en premier lieu les managers, qui sont parfois particulièrement réticents à l’idée d’intégrer des personnes en situation de handicap à leur équipe.

« Nous avons formé et sensibilisons de manière régulière tous nos managers, indique Anne Morlon, responsable Diversité et Communication RH au sein de

la société Akka Services. Nous montrons que le handicap est multiple,

pas simplement le fait d’individus en fauteuil roulant, qu’il n’empêche

en rien la performance. Nous argumentons aussi sur la question de la diversité

et sur la richesse que la différence de chacun confère à notre entreprise ».

Marie-Hélène Delaux, fondatrice de l’agence Sabooj, dans laquelle 70 % des employés sont en situation de handicap, pratique pour sa part « un management à la loupe s’adaptant à chaque situation, non sans s’écarter des contraintes de rentabilité et de planning relatifs à la vie d’une entreprise ».

Visionnez l’interview de Marie-Hélène Delaux,

 

« J’aimerais que mon entreprise soit un tremplin permettant à mes salariés d’accéder à d’autres expériences professionnelles », dit-elle.

 

 

Mettre en avant les expériences positives

 

Pour favoriser l’intégration des personnes en situation de handicap, l’entreprise peut aussi recourir aux services de sociétés du secteur protégé ; elles emploient plus de 80 % de travailleurs handicapés et sont susceptibles de participer à la sensibilisation des collaborateurs par la mise en avant d’expériences et de pratiques positives.

Il est également préconisé d’organiser des opérations de communication en interne, par exemple lors de la Semaine Emploi handicap, qui se tient chaque année au mois de novembre.

Pourquoi pas, enfin, s’appuyer sur les « belles histoires » de personnalités ayant transformé leur handicap en force. « Suite à mon passage dans plusieurs émissions de télévision, j’ai reçu de nombreux témoignages de familles et de personnes me désignant comme exemple », raconte Grégory Cuilleron, à la fois cuisinier, animateur, consultant et ambassadeur de l’Association de gestion du fonds pour l’insertion des personnes handicapées (Agefiph).

 

 

Visionnez l’interview de Grégory Cuilleron

 

« Quand j’ai commencé mes missions d’ambassadeur de l’Agefiph, on me brandissait
le taux de personnes handicapées dans les entreprises, maintenant on me parle
des réussites », dit-il.